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Vol Åre Östersund -> Tromsø (3ème vol)

La météo annoncée semble meilleure que celle qui était prévue il y a quelques jours. Cela est mieux dans le sens où nous allons traverser des zones inhospitalières mais sous couverture radio et radar quasi permanente.

Le plan de vol déposé sous Olivia a bien été reçu par la tour de contrôle de Åre Östersund. Nous sommes donc autorisé à mettre en route pour le vol projeté.

Nous décollons à 08h49 GMT (10h49 heure locale) en piste 12. Le vent est du 170 ° pour 14 Kt, le QNH est de 1012 HPa. Östersund Tour (135,650 MHz) nous donne après décollage une « clairance » comme pour les IFR : « Autorisé vol au niveau 115 sur Tromsø, transpondeur 7014, prochaine fréquence à la sortie de la zone terminale d’approche : Sweden Control sur 132,150 MHz ». Nous survolons la ville d’Östersund (photo) et nous faisons route au cap 359°, soit pratiquement plein nord. Östersund est à N63°10′ de latitude.

L’avion monte au niveau 115 en vitesse stabilisée à 110 Kt (200 km/h). Le ciel semble clair à l’horizon. L’aéroport étant sur une île, nous survolons les lacs environnants d’Östersund.

Dés que nous avons quitté le secteur d’Östensund, nous entrons à nouveau en zone inhospitalière. Pas une habitation, et les neiges éternelles qui commencent à faire leur apparition avec les sommets qui bordent la frontière suédo-norvégienne. Beaucoup d’eau. Nous faisons route vers Hemavan, ville et piste encore en Suède (ESUT).

Nous arrivons au niveau de vol 115 (3.500 m) et la température extérieure est de 0° C. Je mets en service les servitudes de dégivrage, notamment le réchauffage pitot. Je préfère qu’il soit déjà bien chaud si nous devions traverser une zone humide en température négative. Au loin, les sommets enneigés font leur apparition. Nous passons le lac de Fägelsjön à 9h21 GMT avec 5 minutes d’avance. Notre vitesse sol est de 175 Kt (15 Kt arrière). Le vent du sud nous pousse vers le pôle !

Nous longeons la frontière suédo-norvégienne (le trait épais au milieu de la carte) tout en restant avec Sweden Control sur 131,050 Mhz. Les lacs commencent à être gélés. La seule zone habitée est Hemevan où se situe la piste (point en haut de la carte).

Nous passons le lac de Ransam. La température est descendue à -1 °C. Le sol est de plus en plus enneigé. Il y a peu de trafic sur la fréquence. Sweden Control gère autant les IFR (vols aux instruments) que les vols VFR (vols à vue). Peu de transit dans cette zone. Quelques nuages apparaissent à l’horizon. La météo de Tromsø annoncée était « super beau temps ». Si cela se confirme, je demanderai la dernière météo de notre destination.

Nous survolons une petite station de ski suédoise, coincée entre deux lacs, à la limite de la zone arctique. Nous ne sommes pas loin de Hemavan que nous passons quelques minutes après, à 9h40 GMT avec 13 minutes d’avance sur le timing sans vent. Le vent à notre altitude est orienté sud-sud-ouest pour 30 Kt, notre route magnétique est 009°, la déclinaison est de 3° est. Température extérieure toujours -1 °C.

Sweden Control nous transfert avec le contrôle aérien norvégien : Bodø Terminal Sud sur 118,550 MHz à 9h50 GMT. On nous donne un autre code radar : 4634. Néanmoins, nous ne passerons physiquement la frontière avec la Norvège qu’à 10h03 GMT.

A 9h52 GMT, nous survolons le dernier aérodrome suédois sur notre route . Hemavan (ESUT). La température extérieure est descendue à -2 °C. Nous commençons à entrevoir les fjords norvégiens de l’autre côté de la chaîne des montagnes qui séparent la Suède de la Norvège. Il faut se rappeler que vers Mo I Rana, la largeur de la Norvège est que de quelques poignées de kilomètres entre la mer de Norvège et la frontière suédoise.

En passant la frontière avec la Norvège, nous entamons le survol des Kjølen, les Alpes Scandinaves. Le point culminant est 2.469 m mais la neige est présente à partir de 300 m d’altitude. Nous survolons des glaciers assez plats qui doivent avoir une forte épaisseur. La neige est immaculée : aucune trace n’est visible. Peu de gens doivent parcourir à pied où à motoneige ces endroits perdus.

Au sein de la chaîne des Kjølen, se situe un lac que j’ai pris en point de repère : le lac Balvanet, qui fait partie du parc naturel Junkerdal, dans la province royale du Nordland. A moitié gelé, je le repère assez vite. Nous le passons à 10h16 GMT. Voyant la couche nuageuse toujours en densification, je contacte Bodø Terminal pour obtenir la dernière observation de Tromsø :

ENTC 0950Z 23004KT 200V250 CAVOK 13/M03 Q1011 NOSIG 2600FT 17019KT=

(Observation de 9h50 GMT à Tromsø : Vent du 230° pour 4 Knot, variable du 200 au 250°, Visibilité supérieur à 10 Km, pas de précipitation, pas de nuage, pas de phénomène dangereux, température au sol 13 °C, point de rosée -3° C, pression atmosphérique au niveau de la mer 1011 HPa, pas de changements significatifs dans les deux heures, vent à 2.600 Pieds : 170° pour 19 Kt (35 km/h).

Le temps est beau et le restera jusqu’à notre arrivée. C’est donc cool 🙂 !

Nous passons des montagnes assez escarpées, des lacs gelés. En cas de panne et de crash, nous avons constitué un kit de survie avec les éléments suivants :

– Fumigènes,
– Fusées de signalisation,
– Couvertures de survies,
– Pharmacie,
– Hache,
– Scie à bois,
– Poignard,
– Couteau,
– Allumettes et briquets,
– Zip (allume-feu solide),
– Nourriture en boîte pour 3 jours,
– Soupes lyophilisées,
– Miroir,
– Jumelles,
– Eau potable,
– Rhum 🙂 ,
– Cordes, ficelles, petits matériel divers.

Nous passons le cercle polaire arctique (N66°33’24 ») à 10h10 GMT. A partir de maintenant, le soleil ne se couchera plus jusqu’au 15 Juillet 🙂

A 10h26, Bodø Terminal nous demande de contacter Bodø Terminal Centre sur 126,450 Mhz. Nous arrivons au Hellmofjord 10 minutes plus tard. Le 1er fjord du périple 🙂 La température au niveau 115 est passé à -4 °C.

Nous avons 21 minutes d’avances grâce à un vent qui ne faiblit pas. Notre vitesse sol est de 180 Kt. Nous filons vers le nord sans une turbulence. Nous approchons le premier aérodrome norvégien qui est la piste de Narvik, haut lieu de la seconde guerre mondiale, où la coalition France, Angleterre et Pologne ont mis la pâtée aux Teutons 🙂 Nous sommes désormais dans les fjords du grand nord norvégien !

Nous passons Narvik à 10h49 GMT. Le ciel s’est complétement éclairci. Les fjords sont magnifiques !

Volant au-dessus des fjords et des îles Lofoten, nous débutons la descente à 10h54 GMT. Nous écoutons la fréquence ATIS de Tromsø sur 126,125 MHz (pour les non-pilote, une fréquence ATIS est un répondeur qui donne les informations liés à un aéroport) :

Ici Tromsø Information Charlie enregistrée à 10h50 GMT. Piste 01 en service. Approche IFR piste 01. Niveau de transition 45. Vent au sol 250° pour 3 Kt, variable du 200 au 300°. Visibilité supérieure à 10 Km. Quelques nuages à 6.500 Ft (2.500 m). Température au sol 14 °C, point de rosée -1 °C, pression à la mer 1010 Hpa, vent en altitude à 2.600 Ft 180° pour 17 Kt. Confirmez sur la fréquence tour 118,300 MHz que vous avez bien reçu l’information Charlie.

A 10h56, nous passons avec Bodø Terminal Nord sur 118,800 MHz. Nous passons 9.000 Ft en descente.

Les fjords sont calmes. L’image des montagnes se reflètent dans l’eau tel dans un miroir. Nous passons la balise d’approche SJA à 11h05 GMT. Bodø nous demande de contacter Tromsø Approche sur 123,750 MHz. Nous sommes autorisés à descendre à 2.500 Ft sur le point Ansnes, à l’entrée sud du fjord de Tromsø.

(Le point Ansnes est la pointe du fjord à gauche sur la photo ^^).

Nous passons le point Ansnes à 11h12 GMT à 2.500 Ft. Nous sommes autorisé au point Rya à 2.000 Ft QNH. Nous passons entre deux hauts sommets enneigés :

Arrivé à Rya à 11h15 GMT, Tromsø Approche nous demande de contacter Tromsø Tour sur 118,300 MHz. Ces derniers nous informe que nous sommes n° 3 à l’atterrissage derrière un Airbus A320 de la compagnie Scandinavia Airlines System (SAS), et derrière une compagnie régionale qui fait le Cap Nord-Tromsø avec un ATR 42. Nous sommes autorisé à cercler en attente au point Håkøya à 1.500 Ft pendant 8 minutes avant d’être autoriser à atterrir.

Durant le cercling sur Håkøya, je prépare l’avion pour l’atterrissage, car j’aurai probablement 3 minutes pour faire l’approche finale, atterrir et dégager la piste. Je fais donc la check-list approche (check mnémotechnique) :

Fais Ton Metier Pour Vivre Entier Heureux :
Fais : Freins vérifiés
Ton : Train sur sorti
Métier : Moteur paramètres palier approche,
Pour : Pas de l’hélice sur 2.300 tr/min
Vivre : Volets sur approche (10°), volets de capot ouverts,
Entier : Essence : autonomie restante : 1h40, réservoir utilisé gauche
Heureux : Huile pression et température OK, harnais attachés pilote + passagers

A 11h21, Tromsø Tour nous autorise à nous reporter en finale 01.

J’engage l’avion sur une finale assez courte. La piste vient de se libérer. Faire juste gaffe aux turbulences de sillage de l’avion précédent. Aligné en piste 01, je fais la check finale (toujours mnémotechnique) :

5 P + 2 T :

Plein Riche (mixture air/essence)
Plein Petit Pas (d’hélice pour préparer une éventuelle remise des gaz)
Plein Volets (volets en position atterrissage)
Pompe electrique sur ON (en cas de remise des gaz)
Phare d’atterrissage sur ON

Trains sortis 3 vertes confirmées
Talons au plancher (pour éviter de se poser avec les pieds sur les freins)

Entre-temps, Tromsø nous autorise à l’atterrissage en 01.

« Paré et autorisé à l’atterrissage »

Nous atterrissons à Tromsø à 11h24 GMT. Nous libérons la piste et allons directement à la station de carburant pour avitailler avant de parquer l’avion pour 2 jours de réjouissances 🙂 .

Il y a la queue à la pompe à essence à Tromsø 🙂

Le temps est magnifique. Les couleurs sont vives ! Nous mettons presque 200 L et allons parquer l’avion vers le côté Nord de la piste.

Nous quittons l’aéroport pour l’hôtel Rica à 12h00 GMT, soit 14h00 heure locale.

A nous le Grand Nord 🙂 !