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Vol Stockholm (Suède) -> Malmö (Suède)

De retour sur l’aéroport de Bromma, je prépare l’avion. Les formalités sont allégées : pas de fouille, pas de contrôle de sécurité pour les avions privés. On passe tout debout de la zone public à la zone réservée, mais on nous emmène au pied de l’avion en voiture. Taxe avec parking : environ 100 Sfr (80 €).

Il fait bon, mais un petit front froid est entre Stockholm et Malmö. Je décide donc de rester au niveau de vol 45 également parce-qu’il est annoncé, outre la perturbation, du vent de face important aux niveaux 75-100.

Il fait hyper chaud. La fréquence ATIS de Bromma sur 122,450 MHz indique :

« Ici Bromma Information Echo enregistré à 08h50 GMT. Piste et ILS en service 12. Niveau de transition 55. Vent au sol 100° pour 8 Kt, CAVOK, Température 25 °C, point de rosée 15 °C. QNH 1010 HPa. Informez Bromma que vous avez reçu l’information Echo.« .

J’obtiens de Bromma Ground sur 121,600 MHz l’autorisation de mettre en route pour Malmö à 08h53 GMT. Je prépare la machine, roule vers le « Run Up Point » 12, fais les actions avant décollage et contacte Bromma Tour sur 118,100 MHz. On me demande de mettre le transpondeur sur 0436.

A 09h05 GMT, je suis autorisé au décollage. Prise de cap direct sur Norrkoping.

Nous passons une multitudes de petits lacs. Je monte au niveau 45, et la température extérieure descend à 20 °C. Nous avons 34 minutes sans vent pour survoler Norrkoping. Le ciel est clair, mais je distingue au loin des nuages. Bromma Tour me transfère à Stockholm Control sur 120,150 MHz.

Passant Norrkoping à 09h34 GMT avec 5 minutes d’avance (le vent semble moins fort qu’annoncé), la couche se soude en dessous et au-dessus. Le front froid approche. La température extérieur perd 4 °C pour atteindre 16 °C.

Je prends le cap de Jonkoping et demande à Stockholm Controle par prudence la dernière de Malmö :

« Malmö météo de 09h20 GMT : Vent au sol 310° pour 9 Kt, CAVOK, Températures 18/07, QNH 1014, piste en service 35. »

Il fait beau à Malmö, c’est que le front est déjà passé. Je décide toutefois de redescendre au premier trou dans la couche inférieure des nuages.

8ème jour : 11·06·2011 : Stockholm (Suède) -> Malmö (Suède)

Pour cette avant-dernière branche, nous restons en Suède, mais à la pointe sud-ouest, près de Copenhague et de la frontière maritime avec l’Allemagne.

Malmö est la troisième grande ville de Suède après Stockholm et Göteborg. La météo est annoncée plutôt bonne. Espérons que cette petite branche de 2h00 de vol sera sympa !

Escale à Stockholm (Suède)

Posé sur l’aéroport de Bromma pratiquement dans la ville, nous allons par taxi à l’hôtel Mornington. Nous resterons deux jours à Stockholm.

Après m’être installé dans une chambre spacieuse, je prends le bus pour aller à BrommaPlan, la station de métro qui rallie la capitale.

Dans le métro, de nombreux jeunes garçons (10-14 ans) ont des fleurs à la main. Surpris que ces gamins soient avec des fleurs systématiquement, je pose la question à l’un d’eux. Déjà, à 12 ans, ça parle presque couramment l’anglais 🙂 On est loin de ce résultat en France ! Le môme me dit que c’est le dernier jour de cours et qu’il est normal d’apporter des fleurs à sa prof ou une bouteille de gnôle à son prof (les pauvres ! Ils doivent se prendre une de ces bitures en fin d’années 🙂 )

Je sors à la station T-Central à Stockholm. Place assez moderne.

Je prends un plan de la ville. Je me dirige vers le Palais Royal. Les rues piétonnes du « old center » sont étroites et animées. Au détour d’un portail apparaît un petit panneau qui nous rappelle que la langue française, bien qu’en perte de vitesse, reste encore ancrée en Europe.

(Cliquez sur les photos pour les agrandir).

Je traverse un pont et sur une petite île près du Palais Royal se trouve le Parlement. Beau bâtiment et sécurité discrète mais efficace. L’accès au Parlement est possible par deux ponts qui sont protégés par des lions en pierre.

Le Parlement dont chaque chambre possède un côté de l’île à travers un bâtiment de style renaissance,

Je franchis le second pont à l’autre rive de l’îlot. Je débouche sur une place où se situe le Palais Royal. En effet, la Suède est un royaume dont le souverain est Carl XVI Gustav, 65 ans, 7ème Roi depuis son aïeul Bernadotte (général Français Bonapartiste), sur le trône depuis 37 ans, très controversé ces derniers temps en raisons du rumeurs persistantes sur sa vie de play boy impénitent. Cela dit, on sent dans les institution un réel respect pour la chose royale et la continuité de la représentation de l’état. La monarchie en Suède est vieille de plus de 1.000 ans.

Le Palais est imposant. Construit par Jean III au XVIème siècle sur l’emplacement d’une ancienne forteresse, comporte près de 600 pièces sur plusieurs ailes. La construction a duré pratiquement plus d’une centaine d’années, car fait en plusieurs tranches.

Le Palais est défendu symboliquement par la Garde Royale tout autour du Palais. Il y a également quelques policiers en civil avec des oreillettes qui surveille les éventuels flux de personnes autour du Palais.

Je pénètre dans le Palais pour le visiter. Les bureaux du Roi et des membres de la famille royale sont au Palais. Mais le domicile du Roi est au Palais de Drottningholm. Le Palais sert aussi à loger les hôtes de marques du Royaume, tel les chefs d’états ou toutes personnes importantes invitée par la Cour. Enfin, le Palais Royal possède tous les attributs de la royauté. Nous verrons plus tard la salle du Trône (the State Hall), la salle du Trésor Royal où sont gardés les symboles de la monarchie (couronne, sceptre, globe terrestre et épée). Le Palais est aussi utilisé pour les ouvertures de la session parlementaire où le Roi préside la cérémonie dans la salle du Trône, ainsi que tous les grands moments de la vie du monarque (couronnement, naissance, baptême, mariage, obsèques…)

Il est indéniable que Louis XIV et Versailles ont rayonné dans l’Europe à tel point que certaines salles du Palais ressemble à celles de Versailles. Des artistes Français ont été conviés à décorer et harmoniser les intérieurs et extérieurs du Palais.

La cour carré intérieure est le lieu de regroupement et des prises d’armes.

Les escaliers sont richement décorés de marbres et de statues en pierres de couleur ou en bronze.

Au premier étage, une pièce est dédiée aux ordres dont le Roi est le Commandeur. La symbolique de la panoplie est restée présente à travers les siècles. Les monarques arborent leur attachement aux décorations dont ils sont les séculaires détenteurs, que ce soit des ordres suédois ou étrangers. Le costume d’apparat est significatif :

En France, la République a laissé au Président de la République la présidence des ordres honorifiques, ce qui n’est pas le cas en Suède. Le Souverain, représentant intemporel de la Nation, assume et assure la continuité de l’existence de l’état, et est indissociable.

Voici les différents ordres représentés dans la salle des Blasons :

Lorsqu’une soirée est prévue, le Roi et le Reine ne se disent pas « Que mettons-nous ce soir ?« . Que nenni ! La guide m’explique que c’est le Chef du Protocole qui définit quels uniformes d’apparat et quelles décorations vont être affichées en fonction du ou des visiteurs. Il est clair que si le Président de la République Française vient au Palais, le Roi arborera sa Grand Croix de la Légion d’Honneur dont le souverain (et non la personne) est dépositaire.

La salle du Conseil du Roi. C’est ici que le Roi reçoit le Gouvernement suédois. Les rideaux sont tirés lorsque la salle n’est pas utilisée pour préserver les couleurs des tissus tendus beiges et tachetés d’écussons.

A côté de la salle du Conseil se situe en contre-bas la salle du Trône, appelée ici « Hall de l’état« . Le Roi de Suède est couronné devant tous les pairs et autorités étrangères représentés par leurs Ambassadeurs. Chaque ouverture de session du Parlement (qui est juste à 200 m du Palais) se fait ici en présence des souverains.

On se croirait à Swedenborg en 1937 dans le Prince Eric 🙂

Après la salle du Trône, je me dirige vers les appartements du Palais. L’iconographie du Roi est partout. Un buste préside l’antichambre d’un salon de réception.

Je ne vous explique pas le personnel qu’il faut pour entretenir le Palais (rien que le lustre à épouster… 🙂 ) !

Mon pote Numa aurait bien aimé cette pièce : Une table de travail, des livres dessus, une lumière pénétrante mais non agressive. C’est une salle de travail jouxtant le bureau du Prince Héritier (ex-bureau, puisque cette dernière, en l’occurence, Victoria, a ses bureaux dans une partie non visitable du Palais).

La chambre pour des invités de marque. Noté le lit « king size » (c’est le cas de le dire 🙂 ) et le paravent d’époque.

Je passe sur d’autres pièces qui sont toutes aussi jolies, mais d’un style un peu pesant. Je n’aimerais pas habituer un tel Palais, car même si la fonction est prestigieuse, elle est, au définitif, encombrante si on n’aspire pas à être marié à la Nation que l’on dirige. Le pouvoir suprême ne m’a jamais attiré, comme la plupart d’entre nous. Je ne suis pas sûr qu’un jeune Prince Héritier vive sa fonction à l’adolescence avec une grande joie.

De plus, la fonction est également liée à la chose religieuse, puisque certaines monarchies, comme celle de Grande Bretagne ou le Maroc, sont détentrice de l’autorité religieuse. De quoi bien s’assombrir la vie, surtout lorsque l’on voit le style très avenant de la chapelle royale, belle par son art, chiante par son atmosphère.

Bien que le Palais soit immense, j’avais un besoin soudain de regagner l’air libre et la lumière. Cette vie d’un autre temps, largement poussiéreuse à mes yeux, m’engageait à aller visiter d’autres choses rapidement.

Je fis l’impasse sur les bijoux de la Couronne, car en plus, les appareils photos étaient interdits. Comme si la prise d’image allaient désacraliser les symboles du pouvoir 🙂 !

Je me dirigeai donc vers la mer. Stockholm est construit autour d’une rade qui va bien à l’intérieur des terres. La mer est présente dans toute la ville. Je vois qu’il y a des transports maritimes pour se déplacer dans les différentes places de la ville. Un ticket de 120 SEK (15 €) est valable 24 heures sur tous les bateaux de la capitale. Banco ! J’achète.

J’attends donc le prochain bateau. Au loin, j’entends des rires et des chants. Comme le bateau est annoncé dans 5 minutes, je reviens vers l’artère qui est près du Palais.

Aujourd’hui, c’est le dernier jour de classe. Les étudiants fêtent cet événement bruyamment et en convoi. La bière coule à flot. Les filles hurlent avec les sonos dans des camions de chantier (pour sécuriser le bétail 🙂 ) et les garçons arrosent de bière les passant. La fête est sposorisée par Calsberg qui, nous le savons tous, milite pour empêcher les jeunes de boire 🙂 ! Une fête qui aurait bien plu à Niels, mon filleul adoré :p

Là, c’est carrément un livreur de fûts de bière qui convoient les étudiants 🙂

Bon, après les ors du Palais Royal (devant lequel ils chantent des paillardes), ça change d’ambiance.

Bon, nous en Suisse, on a les « Promos du Locle« , ce n’est pas mieux : tout le monde finit à 3h00 du matin complétement déchenillé 🙂 !

Le bateau arrive ! Laissons-les faire la fête (qui durera jusqu’à la nuit qui arrive ici vers 22h00 et finit à 2h00 du matin).

La rade de Stockholm se divise en plusieurs branches dont certaines parties de la ville sont nichées sur des îlots. De beaux bateaux sont amarrés sur les quais, donnant à la ville un air de grand port du XIXème siècle !

Naviguer entre les îlots de la capitale sur cette rade aux mille reflets, c’est fantastique, surtout qu’il fait chaud (environ 25 °C), ce qui nous change de Tromsø où il faisait 8 °C !

Après plusieurs haltes que je laisse passer, je décide de mettre pieds à terre sur un des îlots où se situe une ancienne caserne militaire et un château. Le débarcadère arrive.

Je marche sur le bord des îlots et passe des passerelles qui les relient entre eux. Un minuscule bout de terre me semble intéressant à visiter.

Des voiliers sont amarrés un peu partout dans la rade. Des endroits sont de vrais petits ports.

Il n’y a pas que des voiliers adossés à la rade. Des grands paquebots font escale à Stockholm avant de remonter dans le grand nord, en Laponie.

Je remonte un chemin sur ce petit îlot. Voie unique. Vers quel point me mène-t-elle ?

Elle me mène vers un promontoire qui surplombe la connexion entre les différentes rades de la ville. Des bateaux font la navette.

Derrière moi se dessine un petit château que j’avais vu depuis le bateau. Il abrite un club royal très sélect.

D’autres villas sont bien placées sur ces petits îlots. Ce doit être des maisons dont le prix n’est pas chiffrable.

Sur un autre îlot, un parc et une caserne reconvertie en hôtel restaurant. Probablement le plus atypique de la ville. Je me promène dans le parc à l’ombre des grands arbres. Au détour d’un chemin, des œuvres d’art font du bruit et se meuvent comiquement.

L’hôtel en question :

Ayant fait le tour des deux îlots, je retourne prendre le bateau au débarcadère où j’étais descendu.

L’arrêt suivant est dédié à un parc d’attraction posé sur pilotis. En plein centre ville, c’est une idée ! En général, ce genre de loisirs est repoussé à la périphérie. La ville a voulu ainsi rendre attrayant pour le tourisme le centre-ville au-delà des vieilles pierres et des bateaux.

Il ne faut pas que les chaînes cèdent, sinon, c’est le cul dans l’eau (froide) assuré ! ^^

Je débarque à nouveau vers une autre partie de la ville pour atteindre les rues marchandes et le vieux Stockholm.

Je parcours les rues étroites du vieux Stockholm. Rues souvent pavées et rectilignes.

Des petites places à l’ombre me rappellent un peu le style méditerranéen. Pourtant, nous sommes à plus de 60 ° Nord de lattitude 🙂

Au sortir du labyrinthe des ruelles, je tombe sur la statue de Gustav III qui fut un grand Roi de Suède.

Il fait chaud. La jeunesse se désape. C’est le signe que l’été est là !

Je flâne sur les quai près du vieux Stockholm. Des pontons et toujours des bateaux. Les Suédois sont aussi des marins !

Sur le port principal, près des grands hôtels de luxe, je trouve une multitude de vieux caboteurs, bateaux, chalutiers anciens… Très joli !

Entre les pontons, des enfants (8 ans environ) jouent seuls au bord de l’eau à pêcher le poisson. Signe particulier des pays de Scandinavie : Ils ont des gilets de sauvetage, Ici, on ne plaisante pas avec la sécurité !

La liseuse de contes (d’Andersen ?) fait face à la rade. Elle rappelle qu’ici, les traditions se transmettent beaucoup par les écrits.

Les jeunes Suédois et Norvégiens jouent à un jeu qui utilise des bout de bois (ce n’est pas ce qui manque en Suède). Il s’agit (après renseignement auprès desdits jeunes) d’un jeu qui date de l’époque viking et qui s’appelle le Kubb (bloc de bois en dialecte Gotland – île suédoise de la mer Baltique). Le jeu consiste à renverser les blocs de bois à l’aide de bâtons. Parmi ces morceaux de bois, un est plus grand. Il s’agit du Roi (eh oui, nous sommes en monarchie dans tous les pays scandinaves à l’exception de la Finlande). Les règles peuvent varier selon les régions. Le but est de renverser le Roi.

Ce jeu est surnommé « jeu d’échecs viking« .

Je laisse les ados continuer leur partie, et je poursuis ma visite. De prestigieuses maisons sont le long de la rade principale. Un peu la Croisette Suédoise 🙂

Le temps de passer devant l’Opéra de Stockholm, et je prends le chemin du métro pour rentrer. Il est déjà 18h00 (heure locale).

Les jeunes sont toujours dans le camions à chanter et boire. Certains sont complétement allumés par la bière. Le premier jour des vacances va être difficile 🙂

En allant prendre le métro, je tombe sur Mlle de Terny. Ah non, une caricature de ce personnage d’un roman de Serge Dalens. Elle vaut le détour :p !

Je rentre à l’hôtel. Dans le métro, des jeunes sont avec leur vélo, comme en Suisse. D’autres, torses nus, respirent l’air et prennent le soleil à travers la vitre.

Stockholm est une ville très belle et très propre. La Suède est très exigeante sur le fait que ses rues soient entretenues et propres. Ce qui n’est pas le cas des villes du Danemark où règnent travaux non finis, immondices et clochards.

Vol Narvik / Evenes (Norvège) -> Stockholm / Bromma (Suède)

Après avoir remis une centaine de litres dans l’avion, j’écoute l’ATIS d’Evenes sur 126,025 MHz avant de demander l’autorisation de mettre en route pour un vol à destination de Stockholm / Bromma (ESSB) à Evenes Tour sur 120,100 MHz..

La tour nous autorise à démarrer et nous demande de rappeler prêt à rouler. La piste est toujours la 17.

Nous roulons vers le point d’attente de la piste 17. Les essais moteurs et la check-list avant décollage sont effectués. Nous nous alignons et décollons rapidement. La route va être longue. Il est 09h03 GMT.

Nous montons à 5.500 Ft (1.700 m) en raison du vent de face assez fort (40 Kt soit 75 Km/h au niveau 100 et 20 Kt soit 37 Km/h au niveau 50) et non au FL 115 comme d’habitude. Nous faisons route sur la Suède qui se situe près des cîmes des montagnes. Nous survolons le fjord de Narvik. Il fait +15 °C au niveau 55.

Passant les premiers sommets, je m’aperçois qu’il y a beaucoup de petits lacs naturels sur les hauteurs. La Scandinavie ne manquera assurément jamais d’eau 🙂 !

Nous quittons définitivement la région des fjords norvégiens avec regret. Les hautes montagnes approchent. Nous passons la frontière norvégo-suédoise à 09h17 GMT. Adieu le Royaume de Norvège !

La région montagneuse est féérique. Glaciers et hauts plateaux se succèdent. Il fait beaucoup plus chaud qu’à l’aller et je pense qu’un certain nombre de plaques de neige vont se réduire encore durant cette période de l’année.

Dans les lacs très calmes à l’instar des fjords se reflètent les cimes enneigées. Belles visions !

Le niveau de vol 55 est assez bas. Narvik nous avait transféré à Bodø Terminal sur 126,450 MHz. Mais passant la frontière, Bodø nous demande de contacter Sweden Control sur 131,050 MHz. Après plusieurs appel, aucune réponse. Nous sommes donc dans une zone de blackout totale niveau communication et le répondeur n’indique plus non plus de contact radar avec le sol. Alea jacta est 🙂 !

Alors que l’avion progresse au-dessus des neiges éternelles, nous survolons des glaciers situés à 1.000 m d’altitude. En général, ces glaciers se trouve à partir de 3.000 m d’altitude en Suisse. Ici, dès 800/1.000 m, on peut en trouver.

Vers le Nord, la chaîne de montagnes scandinaves (appelée aussi Scanie) s’étend jusqu’à l’infini de notre vision. Nous volons avec du vent de face de 20 Kt, soit à 140 Kt (244 Km/h). Nous allons vite arriver sur les plaines désertes de la Suède. Toujours sans aucun contact radio malgré nos essais (Hello Papa Tango Charlie 🙂).

Les hautes montagnes s’éloignent. Il est 09h38 GMT. Nous approchons du cercle arctique polaire.

Les lacs suédois réapparaissent. La Norvège s’éloignent désormais. Il est 09h59 GMT. Le GPS nous indique que nous passons N 66° 33′ et quelques secondes de latitude. A partir de maintenant, la nuit, que l’on a quitté il y a 5 jours va réapparaître pour envelopper notre sommeil. Fini le soleil de minuit :p !

Nous réussissons à capter Sweden Control après plus de 30 minutes de black-out. Une charmante contrôleuse nous informe avoir le contact radar, et que nous sommes autorisés au niveau 50 en route sur Storuman (ESUD) conformément à notre plan de vol. Le transpondeur clignote à nouveau 🙂 ! Un peu de turbulences avec quelques cumulus qui pointent leur nez !

Des lacs tout en longueur font leur apparition, avec de multitudes d’îlots. Nous passons Storuman à 10h40 GMT. Il fait + 15 °C au niveau 55. Tout va bien !

Nous survolons la piste en herbe d’Asele à 11h01 GMT. Voilà deux heures que nous avons décollé et nous en sommes à la moitié du chemin. La température a baissé pour se stabiliser à +14 °C. A 11h05 GMT, Sweden CTR Nord nous transfert sur Sweden CTR Centre sur 132,150 MHz. Nous volons vers Sundsvall qui se situe au bord de golf de Botnie de la mer Baltique.

Il y a des rivières avec des cascades entre Asele et Sundsvall. Des petits villages de pêche au saumon sont disséminés tout le long de ces rapides. En Islande, j’avais déjà vu à des cascades des pêcheurs de saumons au lancer. Ici, ce doit aussi être le cas !

Les rivières deviennent plus importantes. La civilisation aussi. Nous sortons de la zone dite « inohospitalière » qui nécessitait un kit polaire obligatoire à 11h15 GMT. La zone arctique est désormais loin. Nous apercevons le golf de Botnie au loin que nous allons survoler. Ce golf est une partie de la mer Baltique qui sépare la Suède de la Finlande. Sweden CTR nous demande de contacter Sundsvall CTR sur 129,550 MHz.

Nous passons Sundsvall à 11h43 GMT et entrons en pleine mer pour une bonne demi heure. Nous avons les gilets de sauvetage prêt en cas de défaillance grave et une nécessité d’amerrir. Le ciel est très clair. La température est de +15 °C.

Le survol de cette partie de la mer entre Sundsvall (première grande ville côtière depuis notre départ de Narvik) et Gävle va durer 30 minutes. Nous regardons au loin la côte s’éloigner. Nous resterons toujours à 20 NM de la côte au plus (37 Km).

Nous survolons à 12h05 GMT l’île de Bålsön par l’est. Le prochain point est le retour sur un survol terrestre à Gälve dans 29 minutes. Le pilote automatique tient le cap, l’altitude et la vitesse augmente car le vent faiblit. Nous rejoignons 150 Kt de vitesse sol. Sundsvall CTR nous demande de contacter Sweden CTR sur 124,425 MHz, car nous approchons tout doucement des zones de Stockholm.

Nous en profitons pour écouter sur l’ensemble secondaire l’ATIS de Stockholm/Bromma sur 122,450 MHz :

« Ici Bromma Information Alpha enregistrée à 12h20 GMT. Piste en service 12, niveau de transition 55, Vent au sol 110° pour 14 Kt, CAVOK, température au sol de 23 °C, point de rosé de 14 °C, QNH 1008. Informez Bromma Tour que voua avez bien reçu l’information Alpha.« .

Sweden CTR nous demande de prendre un cap au 190° au lieu du 170° et de descendre à 4.000 Ft / 1008 pour éviter les zones terminal de l’Aéroport de Stockholm. Nous exécutons, content d’être au bout du chemin.

La banlieue de Stockholm se dessine. Le trafic devient intense. Sweden CTR donne des instructions à tous, et il faut être attentif lorsqu’au milieu de toutes ses ordres de contrôle, il nous en balance un (en anglais). Nous sommes autorisés à rejoindre le point ALVNAS et descendre à 3.000 Ft / 1008. Le pilote automatique fait cela très bien 🙂 !

De belles maisons font leur apparition. Nous sommes descendus à 3.000 Ft. Sweden CTR nous transfère à Bromma Tour sur 118,100 MHz pour l’approche finale.

Nous passons le point ALVNAS à 13h05 GMT. Nous descendons avec l’accord de Bromma Tour à 2.000 FT / 1008. La piste 12 est en vue.

Bromma nous autorise à nous reporter directement en finale 12. Nous devons rappeler en courte finale. Un avion est autorisé à l’alignement et au décollage en 12.

Nous sommes autorisé à l’atterrissage. Nous posons piste 12 et dégageons par le taxiway Delta. Nous sommes transféré sur Bromma Sol sur 121,600 MHz. Le contrôleur nous indique l’emplacement des pompes à essences afin de faire le plein pour le départ sur Malmö dans 2 jours.

Après avoir remis 218 L, nous parquons l’avion sur le parking de l’aviation générale. Stockholm nous attend, capitale de la Suède !

Vol Stokmaknes (Norvège) -> Narvik / Evenes (Norvège)

En ce Jeudi matin, le soleil est au rendez-vous pour que nous quittions la zone polaire de la Scandinavie. Nous roulons avec le taxi de Melbu à Stokmaknes. Les couleurs sont belles. Le vol va être cool jusqu’à notre escale technique qui est Narvik/Evenes surtout qu’il ne doit durer qu’un petit quart d’heure !

La dernière nuit blanche a été calme. Je ne suis pas sorti car un peu fatigué de mes javas à Tromsø, Östersund et Odense 🙂 ! J’ai donc dormi pas trop tard afin d’être en pleine forme pour cette branche en deux vols assez longue au final. La météo prévoit quelques nuages sur la seconde branche mais aucun sur la petite première. En revanche, le vent ne nous sera pas favorable, et c’est ainsi que j’ai pris la décision de voler bas, au niveau 55 pour la seconde branche et simplement à 5.000 Ft pour la première branche.

Nous passons le pont qui nous relie à l’aéroport. La piste est sèche et il y a un Dash 8 au parking qui vient de se poser. Nous pourrons voir son décollage.

Je prépare l’avion et m’installe à bord. Le plan de vol déposé par Olivia a bien été reçu. Nous mettons en route et remontons la piste après la check-list avant décollage.

Le vent est calme, le ciel bleu. Notre clairance VFR pour Narvik est vol direct à 5.000 Ft, transpondeur 1452. Piste au décollage de Stokmaknes 09, QNH 1013.

Nous décollons à puissance maximum sur cette petite piste.

La vue est magnifique sur ce fjord. Au loin les montagnes enneigées et cette eau calme qui rend très serein lorsqu’on la survole.

Le cap est direct depuis l’axe de piste sur Narvik. Nous montons à 5.000 Ft sans turbulence et suffisamment vite pour survoler le relief sans soucis de sécurité.

Nous survolons des fjords situés entre les Lofoten et Narvik. La frontière norvégo-suédoise est à 15 Km de Narvik. C’est l’un des endroits les moins larges de la Norvège.

Les montagnes sortent de manière abrupte de l’eau pour monter de suite à 1.500 m d’altitude. Le contraste est saisissant entre mer et montagne 🙂 !

Nous écoutons la fréquence ATIS de Narvik/Evenes dès que les 5.000 Ft sont atteints. Il nous reste 9 minutes de vol :

Evenes Information Zoulou enregistrée à 07h50 GMT. Piste 17 en service, niveau de transition 50, vent au sol 200° pour 7 Kt, CAVOK, Température au sol 20° C, point de rosée 12 °C, QNH 1014, vent au-dessus du fjord à 1.400 Ft 120° pour 11 Kt. Informez que vous avez reçu l’information Zoulou.

Nous quittons Stokmaknes Information sur 120,450 MHz pour joindre Evenes Tour sur 120,100 MHz. Nous sommes autorisés à descendre sur le point Fjelldal à l’Ouest.

Nous passons le point puis sommes autorisés pour une semi-directe main droite pour la piste 17. La piste de Narvik est bien visible.

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En finale, nous survolons des étendues boisées avec des petits lacs. Beaux endroits.

La tour nous autorise pour l’atterrissage en 17. Je pose sans problème et me dirige vers la zone d’avitaillement.

Un agent vient nous faire le plein. Nous avons par la suite un vol de 4h00 pour rejoindre Stockholm en direct avec un point de non retour à la fin. La météo annoncée est bonne. Tout devrait aller correctement.

Il est 08h45 GMT. Nous nous préparons au décollage pour 09h00 GMT. Les autorités nous affranchissent des formalités de douanes. Nous respirons l’air Arctique pour la dernière fois.

6ème jour : 09·06·2011 : Stokmarknes (Norvège) -> Narvik (Norvège) -> Stockholm (Suède)

En ce 6ème jour de périple, nous décidons de rallier Stockholm depuis les îles Lofoten. Nous devons ravitailler l’avion et faire la douane à Narvik, car Stokmaknes n’est pas douanier et la piste est légèrement courte pour décoller à pleine masse. Nous avons choisi l’aéroport d’Evenes, à quelques kilomètres de Narvik, haut lieu de la seconde guerre mondiale.

Nous descendrons ensuite au sud pour rejoindre la mer Baltique en repassant le cercle polaire afin de retrouver de (courtes) nuits ! Nous atterrirons à Bromma, une piste située dans l’agglomération de Stockholm. Là, nous reterons deux nuits afin de bien profiter de la capitale suèdoise.

Escale à Stokmaknes (Norvège)

Une fois quitté l’aéroport, nous nous dirigeons vers Melbu en taxi. Les îles Vesterålen sont reliées par des ponts immense qui permettent le passage des ferry côtiers. La montée de ces ponts est impressionnante 🙂 !

Nous roulons vers Melbu, au fin sud de l’île Vesterålen. En face de nous se déroule les îles Lofoten où nous projetons de faire un saut en ferry. D’ailleurs, notre hôtel se situe dans un petit port de pêche, face au débarcadère du ferry qui relie les Vesterålen aux Lofoten. Au passage, le taxi passe devant des maisons typique du grand nord norvégien. On retombe sur des architectures proches de celles que je connais en Islande.

Arrivé à l’hôtel, nous avons des chambres cosy à côté du port de pêche. L’accueil est chaleureux, le jeune norvégienne qui est la réception s’occupe vraiment de savoir ce dont nous avons besoin. Nous déposons nos affaires, et nous allons au bac. Un bac vient de partir. On se renseigne sur le prochain départ et le prix des billets. 100 Nok (Norge Krone), soit environ 9,40 € ou 11,40 Sfr pour l’aller-retour par personne. Nous regardons le ferry prendre les voitures et partir !

Ces ferry sont des « roro« , car ils peuvent naviguer dans les deux sens et n’ont pas besoin de faire demi-tour pour aborder l’autre quai. L’étrave peut se lever des deux côtés, et les véhicules ressortent en marche avant sans avoir à faire de manœuvres.

Nous allons visiter le petit village de pêcheur. En dehors de la route qui mène au débarcadère, les autres rues sont peu larges et goudronnées de manière grossière. Il y a une banque et un distributeur de billets, des supermarchés ouverts jusqu’à 22h00, un bar, quelques commerces. L’hôtel où nous sommes fait également restaurant, bar, et salle de conférence.

Un bon bricoleur a construit sa villa sur une barge amarrée dans une anse près du port. L’idée est assez saugrenue, compte-tenu des tempêtes importantes et des vents assez forts l’hiver.

Les maisons sont bien entretenues. Peintures vives et gazon soigné. Il y a un magasin qui vend des tondeuses à gazon sur l’île 🙂

L’église se situe le plus loin de la mer, à l’arrière du village. Elle a des fondations en pierre granitiques, mais sa structure est entièrement en bois, comme pratiquement toutes les églises anciennes de Norvège. Celle-ci date de deux siècles.

A côté se trouve le cimetière. Comme en Islande, les personnes sont enterrées directement dans la terre, caveau ni pierre tombale horizontale. L’orientation des tombes sont toutes dans le sens du cœur de l’église.

De retour dans le village, nous passons devant une autre maison en très bon état, repeinte et superbe.

Il y a un monument aux morts relatif à la seconde guerre mondiale. Les Norvégiens, une fois envahis par les Allemands, se sont défendus sans arrêt contre l’occupant. Le Roi Haakon VII ayant lancé le signal de la résistance, il y eût beaucoup de morts par représailles ou par des opérations qui ont mal tournées. Ce monument est à côté d’un kiosque à musique très décoré. Les fanfares et la musique ont une importance primordiale dans le folklore nordique.

De retour au débarcadère, j’embarque sur le ferry qui relie Melbu aux Lofoten. 20 minutes de traversées.

Le port de Melbu est en deux parties : le port de plaisance, à part, et le port commercial qui regroupe le débarcadère, et les usines de conditionnement de poissons.

Nous faisons route sur le Sigrid. Le temps s’améliore et le soleil pointe le bout de son nez 🙂

La profondeur entre les îles Vesterålen et Lofoten est importantes. Le marin m’indique qu’elle descend à plus de 1.000 m entre les deux îles. Les montagnes sous-marines émergent de l’eau et deviennent des îles, mais les vallées aquatiques existent bien.

Entre les deux îles, les couleurs, grâce au soleil, reprennent vie. L’eau est assez calme. Des voiliers sont visibles durant la traversée.

Un passager norvégien me raconte que durant la seconde guerre mondiale, les résistants coulaient les barges qui transportaient le minerai et l’eau lourde pour l’Allemagne de telle manière que le chargement tombe au milieu, au plus profond, afin qu’aucune tentative de récupération ne soit possible.

L’eau n’est pas franchement chaude. Les glaciers et neiges éternelles fondent et s’ajoutent à l’eau de mer. La nature et les densités des eaux respectives font que l’eau douce reste en surface et l’eau de mer en profondeur. C’est ainsi que l’eau dans les fjords et entre les îles peut sembler peu salée.

Nous approchons des Lofoten. Pour ceux qui ont lu les romans initiatiques de Serge Dalens, écrivain franc-comtois enterré à Malans, la Norvège et Swedenborg, cette principauté fictive, ont une place importante. Je me rappelle des dessins de Pierre Joubert qui illustraient à merveille cette saga lue dès mon adolescence. L’ambiance décrite dans les années 36-45 est bien celle, légèrement modifiée, que j’ai retrouvé dans les comportements et les us et coutumes encore bien ancrés.

La fonte des neige crée des cascades qui ornent les pentes abruptes des montagnes.

Je suis monté sur la passerelle du bateau. En regardant les montagnes enneigées et la mer, j’ai l’impression de faire partie d’une expédition en Antarctique, passant les îles Kergelen :p

Le ferry ralentit. Il entre dans la baie de l’île de Svolvær, première des Lofoten. Le vent faiblit, le froid est moins intense.

L’embarcadère semble désert. Pas un chat 🙂 La nature sauvage !

Nous débarquons. La nature semble généreuse : l’herbe est grasse, l’eau douce est là. Nous voyons un petit village d’éleveurs de moutons, dont la plupart sont encore tout petits. Cela fait très « petite maison dans la prairie » 🙂

Des maisons de bergers sont là. Habitées, mais silencieuses. Le berger semble être dans la montagne…

Reprenant la route vers l’Ouest, nous trouvons un petit village contigu à une pêcherie qui se situe au bord du bras de mer. Ces maisons un peu perdues dans cette grande île forment un quartier sans aucun commerce. Le premier village est Melbu à 20 minutes de ferry ou Svolvær à 20 minutes de voiture au sud de l’île.

Bien qu’isolées, ces maisons bénéficient d’un confort hors pair. Il faut savoir qu’en hiver, entre fin Novembre et début Février, le soleil ne se lève pas, et il y a au mieux quelques heures de luminosité faible aux alentours de midi. L’isolement insulaire et la position par-rapport au cercle polaire font que les gens bénéficient suffisamment de déductions fiscales pour rester ici et avoir un sweet home à la mesure des éléments naturels.

Dans ce petit village sans église et sans commerce, la population a aménagé un petit terrain de foot pour les enfants. En effet, être jeune Lofotonien pose des problème à l’âge des nouvelles technologies et du déplacement facilité. Le peu de circulation et l’isolement font que les enfants sont libres de vadrouiller sans risque, de pêcher au bord du fjord ou de se déplacer à vélo. Pour l’école, il y a des passages de bus, une petite cahute pour s’abriter du vent en les attendant. Les plus grands doivent prendre le ferry pour aller étudier sur l’île Vesterålen à Stokmaknes.

Au total, j’ai compté 9 villas dans ce petit concentré d’habitations autour de la pêcherie et de l’usine de transformation du poisson. J’apprends qu’il y a un petit magasin d’alimentation au sein même de l’usine et développé par la société qui l’exploite. Il est réservé aux seules familles des employés et les prix sont subventionnés par la société afin de faciliter l’approvisionnement des familles. Celles qui ont besoin de quelque chose de particulier peuvent le commander et la marchandise, selon la provenance, peut être acheminée dès le lendemain.

L’usine est ultra moderne. On sent toute la puissance de la société norvégienne à développer durablement une activité insérée socialement et économiquement. Rien ne semble avoir été laissé au hasard. Chaque grande île possède son aérodrome (piste de 900 m), son hôpital, ses services publics. On ne rapatrie pas tout dans la plus grande ville du coin pour faire des économies, au contraire. On considère que l’implantation locale est une force en Norvège, car les productifs sont ceux qui mouillent la chemise sur les plate-forme pétrolière, ou dans ces lieux de pêche. L’état et le Roi semblent très à l’écoute des forces vives 🙂

Le temps s’est nettement amélioré. Les couleurs reprennent du contraste et le bleu de la mer redevient celui que l’on aime.

Dans les îles Lofoten, chaque famille a son sauna et son bateau. La pêche et les ballades en mer sont les hobbies préférés des norvégiens, et c’est à cette saison sans nuit et les moins fraîches qu’ils profitent au maximum des possibilités de s’évader.

Je reviens vers le débarcadère et attends le prochain ferry pour revenir au village de Melbu et à l’hôtel. Cette plongée dans la Norvège profonde est rassurante : La campagne peut être accueillante lorsque un certain nombre de choix sociaux sont faits. Je me rends bien compte que la volonté politique d’un pays peut vraiment changer le quotidien des gens, à condition de se préoccuper des attentes réelles de ces derniers.

Quelques nuages d’altitude, des Alto-Cumulus, font leur apparition. Le ferry part avec peu de monde. Il est 19h00 heure locale, et il est temps d’aller manger. Les restaurants ferment vers 20h00 aux Lofoten car la population soupe vers 18h30.

L’intérieur du ferry est aménagé. Il y a un kiosque pour acheter boissons et nourritures, journaux et cigarettes (bien qu’il soit interdit de fumer à l’intérieur du bateau).

Je rentre à l’hôtel, soupe et prépare les deux legs de demain qui seront longs : Nous allons à Stockholm, la capitale de la Suède !

Vol Tromsø (Norvège) -> Nordkapp -> Stokmarknes (Norvège)

En ce 5ème jour de périple, la météo s’est détériorée. On annonce des visibilité réduites parfois et des plafonds à 1.000 Ft QNH (300 m d’altitude). Je ne garantis pas la possibilité d’atteindre le Cap Nord et de se poser sur la piste qui se situe à 20 Km de la péninsule septentrionale.

Néanmoins, après avoir repris les derniers éléments météo, je décide de tenter d’y aller avec la possibilité de se dérouter sur le terrain prévu pour ce soir : Stokmarknes.

Le plan de vol a été accepté. La tour nous informe de passages nuageux bas vers la sortie du fjord de Tromsø. Je prends acte et vérifie sur la carte si le demi-tour dans le fjord est bien possible (largeur suffisante).

La dernière information ATIS de Tromsø indique :

Ici Tromsø Information Sierra, enregistrée à 09h20 GMT. Piste en service 01. Approche IFR ILS 01. Piste mouillée. Niveau de transition 85. Vent au sol 030° pour 10 Kt. Visibilité supérieure à 10 Km. Quelques nuages à 700 Ft (230 m), couche nuageuse quasi soudée à 1.200 Ft (400 m), couche compacte à 3.000 Ft (1.000 m). Température au sol 8 °C, point de rosé 7 °C, pression atmosphérique 1013. Pas de changements significatifs dans les deux heures. Vent à 2.600 Ft (au-dessus du fjord de Tromsø) : 230° pour 7 Kt.

En gros, il n’est pas possible de voler au-delà de 1.200 Ft (la réglementation norvégienne impose 5 Km de visibilité horizontale et 1.000 Ft de plafond). J’ai tout juste les minimas opérationnels pour le VFR. On y va quand même. J’ai l’expérience de l’Afrique et de ses saisons des pluies, et je garde des portes de secours si la situation est plus dégradée qu’indiquée.

La tour de Tromsø nous autorise au décollage à 09h35 GMT. Je mets en services les servitudes électriques de chauffage des parties importantes de l’avion (pitot et préchauffe l’hélice).

Décollage pour le Cap Nord à 9h40 GMT.

Je stabilise à 1.000 Ft par-rapport à la mer. La sortie du fjord est limite et je décide de passer par la côte plutôt que de slalomer dans des fjords dont les sommets sont pris.

Tromsø nous demande de faire des comptes-rendus de position toutes les 5 minutes. En conditions dégradées, dans des fjords dont les sommets sont pris, ils s’assurent que tout va bien. La sortie du fjord de Tromsø est laborieuse. Nous arrivons sur la côte escarpée de la mer de Norvège. Prise de cap sur Hasvik où se situe un terrain (ENHK). La météo reste assez mauvaise. Nous sommes parfois tenus de descendre à 500 Ft (150 m) au-dessus de la mer pour garder la visibilité nécessaire. Nous passons au nord de l’île de Sørøya où se situe Hasvik.

Je ne peux pas prendre trop de photos devant assurer la navigabilité par cette météo dégradée. Nous passons les fjords un à un par leur embouchure. Le GPS indique que nous passons les 70° 30′ N à 10h10 GMT.

Nous arrivons à la pointe nord-ouest de l’île de Ingøya. Les nuages descendent et j’évale si je dois continuer ou pas. La température est positive de 5 °C, donc, pas de givrage cellule possible (moteur non plus car c’est un moteur à injection). J’ai dû descendre à 500 Ft sol. Je perds le contact avec Tromsø et le transpondeur ne semble plus recevoir l’écho du radar secondaire. Bon. Nous sommes à 15 minutes du Cap Nord. J’essaie de contacter l’aérodrome de Honningvåg où je dois atterrir sur 119,800 MHz. Elle me reçoit 3 sur 5. Le terrain est QGO avec des passages nuageux à 300 Ft, et le gonio est en rade.

J’informe mes passagers que la piste de Honningvåg est fermée cause météo. Ils me demande s’il est possible de passer vertical le Cap Nord sans prendre de risque. J’accepte, car la visibilité horizontale reste bonne même si le plafond est bas. Honnigsvåg m’informe que Tromsø reste bon à l’atterrissage et qu’elle a avertit le contrôle régional de ma position.

Nous approchons du Nordkapp. Le GPS indique 71°07’35″N. Nous voyons au loin le Cap dans les nuages.

Sur le Cap Nord, moins de nuages comme si il y avait un phénomène local. Nous survolons ce lieu mythique, point du continent le plus au nord de l’Europe. Nous voyons bien le globe et ses médaillons. Le site est grand et très touristiques sur un promontoire élevé (environ 300 m de la mer). Nous informons Honningvåg de notre position.

71°10’21″N, nous voici face à l’océan Arctique qui s’étend d’ici jusqu’au détroit de Bering en passant par le Pôle Nord, qui est à 1.130 NM face à nous, soit 2.092 Km. Après ce petit moment d’émotion vite passé, je décide de reprendre le cap au Sud pour aller rejoindre notre destination finale. Nous relongeons la côte, car le vol de fjords à fjords peut s’avérer dangereux.

A nouveau, les fjords défilent à notre gauche cette fois. Cela donne une ambiance de fin de monde, là où il ne faut pas s’aventurer. Un endroit mystique sous la protection des dieux Scandinaves, Thor et Odin 🙂 ! Cela me fait penser au clip vidéo de Sigur Ròs Glósóli sur la fin.

Nous quittons Honnigvåg pour recontacter Tromsø Approche sur 123,750 MHz. Ceux-ci nous donnent la dernière météo de Stokmaknes où nous nous dirigeons désormais. Nous volons à nouveau assez bas vers 700 Ft (230 m par-rapport à la mer). Après avoir passer le fjord de Tromsø, ceux-ci nous demande de contacter Andenes Militaire 118,200 MHz. Nous pénétrons dans le fjord d’Andenes car au-delà, le brouillard va jusqu’à la mer. Nous devons donc passer par les fjords pour finir les 15 NM (28 Km) qui nous séparent de notre destination qui se situe au milieu des îles Lofoten dont les sommets culminent à plus de 2.000 Ft (600 m). Nous devons donc slalomer entre les îles dont les sommets sont pris dans la couche. Bel exercice de style 🙂 !

Andenes Mil est inquiet car sur leur terrain, c’est QGO (visi nulle, pas de plafond). Ils me demande une position toutes les 5 minutes et m’annoncent qu’ils ne reçoivent plus mon transpondeur, car nous sommes trop bas. Je leur annonce que nous avons plus de 10 Km de visi, mais que nous sommes à 700 Ft par sécurité. Etant donné que la dernière météo de Skågen/Stokmaknes (ENSK) qu’ils me donnent est suffisante, je poursuis le vol vers notre destination.

Je passe d’un fjord à l’autre pour rejoindre notre terrain qui ne se situe plus qu’à 7 NM. J’appelle Stokmaknes Info sur 120,450 MHz. Une norvégienne nous répond faiblement. D’un autre côté, je perds je contact radio avec Andenes Mil. Nous sommes à 5 NM de Skågen.

Je distingue la piste au bout de l’île. Je reçois maintenant mieux la voix de notre contrôleuse. Elle m’annonce que la piste 09 est en service, avec un vent de 060° pour 8 Kt, température 11 °C, point de rosée 8 °C, pression atmosphérique de 1011 HPa.

J’annonce que j’effectue une vent arrière main gauche pour la piste 09 et je prépare la machine pour l’atterrissage. Nous posons à 12h50 GMT après 3 heures de vol en conditions dégradées.

Nous ne refuellons pas, car demain, nous partirons pour Stockholm avec une escale à Narvik/Eneves en Norvège pour l’essence et la douane. Skågen/Stokmaknes n’est pas douanier et n’a pas de AVGAS 100 LL. Je fais le point sur le carbutant. Il me reste 1h40 d’essence pour 13 minutes de vol. Ça ira :p !

Une fois au sol, nous sommes super bien accueilli par les autorités de ce petit aérodrome dont la piste fait 900 m, mais est équipée nuit et IFR pour des vols domestiques de Dash 8.

On nous offre du pain, du café et du thé. L’hospitalité des îles Lofoten est légendaire. On se met en 4 pour nous faciliter l’escale (appel d’un taxi, stockage de l’avion, etc…). Le Chef d’Aérodrome est un jeune grand blond d’environ 25 ans, au sourire très poli, qui nous explique en anglais qu’il est en poste depuis quelques semaines. Il gère 3 pompiers, 2 agents AFIS et 2 personnels d’entretien. Les petites pistes en Norvège (comme en Islande) sont subventionnées pour permettre la continuité territoriale et l’accès facile aux populations, notamment durant la grande nuit et l’hiver où les routes sont difficiles. Je me lance en norvégien avec lui et il apprécie particulièrement cet effort. Il me raconte qu’en vacances en France, personne ne parlait l’anglais ni l’allemand, et qu’il a galéré un maximum pour se faire comprendre.

« You seem to be the exception !« , me dit-il avec un grand sourire 🙂 !

En face de la piste, une chapelle avec des tombes. Je lui demande ce que c’est. Il prend un air hyper sérieux et me dit :

« There are the tombs of pilots missed the runway during their approch ! » (Ce sont les tombes des pilotes qui ont loupé la piste à l’approche).

Devant mon air perplexe, il se met à éclater de rire et me dit que ce sont des tombes de marins disparus en mer, ce qui est courant aux îles Lofoten.

L’avion est bâché. Il est temps de prendre congé. Dans les bureaux des pompiers, opérations, tout le monde est en chaussettes, et les chaussures sont toutes rangées sur une étagère devant la porte. Le grand blond nous salue en se déchaussant et en retournant à son bureau. Très fun, l’esprit norvégien !

Le taxi est là. Nous partons pour l’hôtel dans un petit village de pêche appelé Melbu.

5ème jour : 08·06·2011 : Tromsø (Norvège) -> Nordkapp (Norvège) -> Stokmarknes (Norvège)

Après une journée de relâche à Tromsø et son soleil de minuit, il est temps de se rendre au point culminant de notre périple : le Cap Nord situé à plus de 71° Nord de latitude, à seulement 2.100 Km du Pôle Nord.

La météo étant devenue capricieuse, rien n’est encore sûr, mais ayant bien regarder les divers documents météorologiques mondiaux, cela devrait passer en fin de matinée. Nous poserons à Honningsvag (ENHV), une petite piste de 920 m tout près du Nordkapp.

En fin de journée (si la journée a une fin ici 🙂 ), nous redécollerons après avoir vu le Nordkapp pour les îles Lofoten, sur un petit aéroport situé à Stokmarknès (ENSK), avec une petite piste proche d’un port de pêche à la baleine.

A suivre !

Escale à Tromsø (Norvège)

Arrivé à Tromsø ville, je débarque à l’hôtel Rica, sur le port, à 300 m du centre-ville. Grand standing d’une chaîne internationale, mais je préfère les petits hôtels familiaux comme celui de Östersund. J’ai la vue sur le port et la cathédrale Arctique construite en 1965 par Jan Inge Hovig. Elle ressemble à l’opéra de Sydney, d’où son surnom « l’opéra de Norvège« .

Ma chambre est confortable. Sol chauffant dans la salle de bain, Wifi gratuit, petit coin salon, frigo, etc… Le soleil étant perpétuel à cette période de l’année, d’épais rideaux ornent la fenêtre.

Devant la sortie de l’hôtel, un ours blanc naturalisé me fait face. Bien que les ours blancs ne sont pas à cette latitude, mais sur la banquise, plus haut, vers les îles norvégiennes Svalbard qui sont à 81° nord de latitude.

La Norvège est très escarpée et parfois peu large (12 Km au plus cours). En dehors de l’avion, les Norvégiens privilégient l’Express côtier qui s’arrête à tous les ports depuis Bergen jusqu’à Tromsø. Cette ligne est d’ailleurs utilisée par le Roi de Norvège nouvellement couronné, afin qu’il rencontre tous ses sujets dans la première année de son règne. Cette tradition date des premiers rois norvégiens non danois.

La ville est construite essentiellement avec des maisons en bois peints, comme en Islande. Bien isolée à l’extérieur, avec des fenêtres plutôt petites pour éviter de trop grandes déperditions, l’habitat norvégien du grand Nord est assez cosy.

Des architectures nouvelles ont fait leur apparition comme la bibliothèque de Tromsø, l’une des plus grandes de Norvège après Oslo, est une oeuvre de verre et d’acier. La lumière passe à travers les vitres et éclaire l’intérieur.

Mon pote suisse Numa, excellentissime étudiant es Lettres, serait fin fou de découvrir les fonds anciens de cette bibliothèque 🙂 !

La ville se reflète dans la bibliothèque. Tromsø est aussi une ville universitaire importante. En effet, Der Universitetet i Tromsø est l’une des sept uni de Norvège, et la plus septentrionale du monde. Elle accueille 6.000 étudiants et de nombreux chercheurs réputés. Elle a été créée en 1968 pour permettre aux jeunes norvégiens du nord de ne pas se déraciner pour leur études.

La ville de Tromsø qui compte 63.000 habitants et le « Paris du Nord« . Les rues ont un charmes des villes scandinaves septentrionales. L’artère principale est la Storgata (traduction : Rue Principale). Tous les commerces importants sont dans cette rue dont la plus grande partie est piétonne.

Tout en étant la capitale du Comté de Troms (la Norvège est un royaume), Tromsø n’est pas si ancienne. Fondée en 1794 (une église existait depuis 1250), elle connut son expansion grâce aux expéditions polaires dont Roald Amundsen est le premier homme à être formellement reconnu avoir atteint le Pôle Nord en dirigeable le 12 Mai 1926.

La Cathédrale Arctique de l’autre côté du fjord, vue depuis Tromsøya (île de Tromsø).

La place du Marché où se situe derrière l’Hôtel de Ville (Rådhus), tout en verre aussi.

Le front de mer à Tromsø et le port de plaisance :

La statue du pêcheur sur la place du Marché, rend hommage aux nombreux marins qui se sont battus contre les éléments pour permettre aux norvégiens de manger à leur faim.

L’Hôtel de Ville est récent. Son architecture se rapproche de celle de la bibliothèque qui se situe juste au Sud de cette bâtisse, sur la Grønngata (rue verte).

Le théâtre de la ville de Tromsø est ancien et en bois. Il est précédé d’un kiosque à musique et d’une statue du Roi Haakon VII, Grand-Père du Roi actuel, qui a refusé le compromis avec les Nazis. Lors de l’invasion d’Oslo par la Wehrmacht le 9 Avril 1940, le Roi et son gouvernement se réfugia à Tromsø avant de devoir rejoindre Londres pour ne pas être pris. Il continua le combat depuis Londres et revint à la libération, accueilli par son peuple comme un héros. Il faut savoir aussi que la Reine (défunte) de Norvège n’était que Maude de Galles, petite fille de la Reine Victoria. C’est ainsi que la lutte depuis Londres fut facilité par les Anglais.

Les banques sont des éléments importants de la vie économique norvégienne. Le pays est fort grâce à la production de pétrole et de gaz en quantité importante via des forages en mer de Norvège. Le pays compte moins de 5 millions d’habitants, et possède un coût élevé de la vie. Les avantages sociaux sont importants mais ont une contre-partie : taxes et impôts sont importants (TVA normale à 25 % alors qu’elle est de 8 % en Suisse).

Les banques possèdent soit des bâtiments modernes, soit des anciens palais (voir photo).

La cathédrale de Tromsø est toute en bois. Elle est le siège du diocèse du Nord-Hålogaland. C’est la cathédrale protestante la plus nordique au monde. Elle a été construite en 1861 sur l’ancien site d’une église construite en 1250.

A 30 m de la cathédrale de Tromsø se situe l’un des meilleurs restaurants de la ville : Chez Emma.

Emma est une jeune chef cuisinière qui dirige un établissement de choix : Toutes les serveuses sont blondes, parlent au moins 4 langues, savent expliquer l’origine des plats. On y mange des steaks de baleine moëlleux à souhaits ! C’est un endroit qu’il faut absolument fréquenter au moins une fois durant un séjour !

http://www.emmasdrommekjokken.no

Les terrasses sont bondées, même à minuit 🙂 Prendre une bière avec ses lunettes de soleil à minuit, c’est top-moumoutte 🙂 !

Des bateaux de croisière sont amarrés quelques heures au port de Tromsø avant de reprendre la mer vers les îles Lofoten.

Je reste une seconde journée (Mardi 7 Juin) à Tromsø sans effectuer de vol. Repos et visites. Puis nous décollerons le Mercredi 8 Juin pour le Cap Nord !